Recréer une terre fertile en ville : une histoire d'écologie profonde

L’artificialisation des sols touche environ 60 000 hectares par an en France. Compacté, enfermé, bétonné, le sol perd ses fonctions nourricières et épuratrices. Pour combattre ce phénomène, une solution : la désartificialisation.

Zéro Artificialisation Nette, ZAN, c’est l’ambition de nombreux acteurs de la ville durable. Si balcons, terrasses et toits peuvent accueillir le végétal, il est vital de revenir aux fondamentaux : une terre fertile, profonde et vivante, capable de jouer son rôle de machine biologique et physicochimique, régulatrice et source de vie.

L'artificialisation, c’est quoi ?

Artificialiser un sol consiste à l’imperméabiliser, le couvrir d’une surface étanche qui empêche la circulation d'eau et de matière entre la surface et le sol. C’est ce qui se produit quand on bétonne le sol pour y implanter un parking, un immeuble, un hypermarché, une route.

L'imperméabilisation rend le sol durablement compact. Il n’y a plus l’espace nécessaire dans le sol pour que les vers activent la création d’humus à base d’argile et d’eau. Il n’y a plus ni champignons ni bactéries, le sol devient stérile. L’oxygène et l’eau n'entrent plus. Tous les cycles sont stoppés durablement. Désartificialiser, c’est faire le chemin inverse .

Prêts à renaturer vos sols ?

Il ne suffit pas de faire sauter la couche imperméable et de planter des arbres et des fleurs. Il faudrait 30 à 50 ans avant de retrouver un paysage vert et un sol fertile. Pour réussir la renaturation des sols, il faut les retravailler dans leur épaisseur et leur structure de telle sorte que sol et surface puissent refaire un écosystème vivant, diversifié, en croissance. Travaillez sur une profondeur d'un à deux mètres suivant les plantations en surface. Si vous plantez un arbre, travaillez plutôt sur 1,5 mètre. Pour une couche arbustive, un peu moins d’un mètre suffit.

Créez trois couches de sol :

• couche 1 : sur 30 cm, matière organique, compost ou technosol (mélange de terre et de déchets organiques)
• couche 2 : sur 70 cm, un sol sableux/argileux
• couche 3 : entre 1 et 2 m de profondeur, mélange de sols sableux/argileux avec cailloux, graviers et autres minéraux

Les couches 1 et 2 fusionnent en quelques années pour devenir le lieu de production de l’humus. Dans cette couche circule l’oxygène. Dans la couche 3 circule et ruisselle l’eau. Pour accélérer le processus de renaturation, on peut prélever de la terre dans les espaces alentour et injecter des champignons dans la première couche. On parle alors d’augmentation biologique.